Journées du réseau F3E
Actes : Fermetures des Journées - 5 mai 2017
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Par Bernard Perret, hercheur et ancien ingénieur
socio-économiste au ministère de l’écologie
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L’évaluation est-elle un levier de changement social ?
En 1990, le rapport de Patrick Viveret mettait en avant la fonction démocratique de l’évaluation, censée enrichir le
niveau du débat démocratique. Mais qu’en est-il réellement aujourd’hui ? Le déroulement de la campagne électorale
en France donne la réponse. La situation au Etats-Unis n’est pas plus encourageante. Malgré de premières expériences
d’évaluation des programmes publics initiées avant la seconde guerre mondiale, et une évaluation en principe mieux
intégrée au processus politique, le constat est encore plus cruel.
L’évaluation se développe malgré tout d’un point de vue qualitatif et quantitatif. Les chiffres de l’observatoire de
l’évaluation indiquent 200 démarches par an. Par ailleurs, il existe un milieu professionnel de l’évaluation comme en
témoigne la vitalité de la Société Française de l’Evaluation.
Ces évaluations ne sont pas sans effets. Ces derniers intéressent surtout les acteurs et actrices direct-e-s de l’action
publique (agents publics, acteurs de terrain, parties prenantes). En effet, l’évaluation contribue à améliorer le pilotage
des actions. Elle facilite le dialogue entre les parties prenantes des actions publiques, et impacte parfois directement
la décision publique.
Malgré cela, le faible impact de l’évaluation sur les grands choix politiques pose question. Le problème se situe en
amont de l’évaluation elle-même, dans le manque de structuration de l’action publique, et dans le déficit d’institutionnalisation
des politiques publiques.
L’un des enjeux de l’évaluation est de clarifier la politique à évaluer, et de la constituer en tant que dispositif d’action
collective obéissant à des intentions raisonnablement univoques. Les évaluations qui laissent des traces sont celles
qui contribuent à refonder les politiques.
Les Objectifs de Développement Durable-ODD et l’évaluation
Ces considérations générales éclairent le rôle que peuvent jouer les ODD comme levier de reformulation de certaines
politiques. Le cadre institutionnel des ODD offre des opportunités à cet égard, grâce à l’horizon temporel fixé (2030),
et au caractère universel des objectifs.
Les ODD pourraient être un outil de renforcement et d’institutionnalisation des politiques publiques, à condition
que les acteurs et actrices s’en emparent. Un effort international a permis d’impliquer la société civile mondiale dans
l’élaboration des ODD. En France, la situation se caractérise par un faible portage interministériel. Le ministère de
l’écologie pilote seul ce dossier, comme si l’ODD n’était pas l’affaire de toutes les administrations.
Le caractère universel des ODD leur permet de faire émerger des politiques publiques mondiales, et de contribuer au
renforcement de la communauté internationale des évaluateurs et évaluatrices.
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